Guide à destination des aménageurs pour une végétalisation adaptée le long des aménagements cyclables *par France Nature Environnement, Des espèces parmi’Lyon et La Ville à Vélo*
Le développement des aménagements cyclables se poursuit sur l’ensemble du territoire de la Métropole du Grand Lyon. Le rééquilibrage entre les modes de circulation avance petit à petit, avec davantage de place faite pour les modes actifs. L’une des ambitions de ces projets d’infrastructures cyclables et d’espaces publics, notamment dans le cadre des Voies Lyonnaises, est d’accompagner cette refonte de nos rues par une forte végétalisation. Cette ambition fait sens à l’heure où nos villes se réchauffent après des décennies de minéralisation.
Cependant, nos expériences croisées des aménagements cyclables et du végétal nous ont mené à constater certaines qualités et certains défauts aux projets de végétalisation. Certains choix accompagnent avec pertinence l’ambition de végétalisation tandis que d’autres lui porte préjudice. En voulant planter à tout prix ou en choisissant des essences non-adaptées, le végétal se retrouve parfois à porter atteinte aux aménagements cyclables, avec des arbustes qui débordent sur les pistes cyclables ou encore des essences épineuses pouvant crever les pneus.
C’est dans ce sens que nos associations ont uni leurs compétences et leurs savoirs dans une collaboration inédite, afin de rédiger un cahier des charges des essences recommandées dans le cadre d’un aménagement cyclable. Ce travail se caractérise aussi par son ancrage local afin de proposer des solutions de végétalisation sur-mesure pour notre territoire.
Favoriser des plantations abondantes afin d’assurer un ombrage estival, avec des arbres, arbustes hauts ou plantes grimpantes sur pergolas couvrant la piste. L’usage du vélo dépend aussi de la qualité de l’ombrage qui accompagne un itinéraire lors des fortes chaleurs.
Favoriser les massifs en dévers et noues végétalisées le long des pistes afin de limiter les débordements de paillage sur les pistes. L’eau pourra également s’infiltrer aisément des pistes vers ces massifs.
La végétalisation doit rester basse à proximité des carrefours, intersections et passages piétons afin de conserver une bonne visibilité de tous sur ces endroits accidentogènes.
Éviter les essences à gros fruits ronds ou cylindriques sur lesquels les cyclistes pourraient glisser à l'automne : chênes, micocouliers, noisetiers et marronniers.
Proscrire les arbustes et plantes épineux : risque de crevaison avec des rameaux secs sur la piste suite à une coupe d'entretien ou encore pour les mollets des cyclistes avec des rameaux un peu vigoureux sortant des massifs.
Éviter les espèces à latex irritants (euphorbiacées), toxiques (laurier rose) ou encore à pollen allergisant.
Éviter les essences arbustives à rameaux horizontaux (Viburnum plicatum, etc.) pour les mêmes raisons.
Éviter les plantes à racines traçantes pour les mêmes raisons que ci-dessus et pouvant profiter d'une fissure dans le bitume pour envahir la piste (encore plus problématique dans le cas de revêtement en ghorr).
Éviter les plantations trop près de la piste, qui déborderaient à terme sur la piste cyclable, réduisant la largeur utile de celle-ci.
Il est important de planter les arbustes et les plantes vivaces hautes à au moins 1,00m de la piste cyclable afin d’éviter les branches débordant sur la piste cyclable. Des plantes vivaces basses compléteront la base de plantation haute dans le projet de végétalisation.
a. Favoriser les plantations en bande ou massif continu, plus résilientes et favorables à la faune.
b. Diversifier les plantations en terme de hauteur de végétaux et d’espèces végétales
c. Favoriser les espèces indigènes. La liste propose des espèces horticoles présentant des qualités ornementales mais aussi de nombreuses essences indigènes souvent favorables à la faune (insectes, notamment pollinisateurs, et oiseaux en particulier). Privilégier la marque « Végétal local » pour l’achat des végétaux. Cette marque collective favorise les filières locales et des végétaux adaptés au territoire et au meilleur potentiel adaptatif vis-à-vis des changements globaux, maladies et parasites.
d. Rester vigilants face au espèces invasives. Les voies lyonnaises forment des trames vertes, favorables au déplacement des espèces souhaitées… et non souhaitées. Les végétaux de cette liste ne comportent aucune espèce végétale présentant un comportement invasif. En revanche, des espèces animales invasives comme certaines espèces du complexe Tapinoma nigerrimum peuvent profiter des transports de végétaux pour s’installer sur de nouveaux territoires. Une attention sur les origines d’achats des végétaux et une attention à la réception de ceux-ci sont des pratiques à mettre en place. Si la présence de fourmis est signalée dans un pot, il faut l’isoler et faire dans tremper les autres pots du lot afin de vérifier la présence/absence de fourmis par ailleurs.
Vous trouverez à ce lien un tableur détaillé conçu par des spécialistes, qui ont mis au point une liste d'arbres, d’arbustes et de vivaces que nous conseillons à la plantation pour les Voies Lyonnaises et autres projets métropolitains. Nous vous invitons à le diffuser à travers vos élus, vos services de voirie ou d’espaces verts, aux différents Maître d’ouvrage de projets d’espaces publics et d’aménagements cyclables, aux Maîtres d’oeuvre travaillant pour le compte de la Métropole, etc.